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Lorenzaccio : Culte romantique

Pièce de théâtre non écrite pour le théâtre (aux dires de Musset), cette pièce "pour chambre" n'en reste pas moins l'une des oeuvres les plus admirées de la littérature romantique pour son envergure :  ambitieuse (pas moins de 30 lieux et de 80 personnages),  éloquente (la verve de Musset s'y exerce avec fougue et talent),  fascinante par l'exemplarité de son personnage principal :  héros romantique par excellence.

Au point que nombre de metteurs en scène s'y essayent et relèvent le défi de cette pièce réputée "in-montable" afin de voir l'ensemble de ses personnages incarnés et le drame poignant de ce personnage pris aux mailles de son destin, enfin libéré du carcan du texte écrit.

S'entourant de 18 comédiens fondus (car bénévoles !), la compagnie entreprend le montage en deux mois de ce trésor du théâtre français.

Le seul peut-être chez les romantiques à résister ainsi aux outrages du temps.

Après des débuts chaotiques et un resserrement progressif de l'intrigue, cette entreprise perdurera  -  grâce au Théâtre du Nord-Ouest et à sa politique de Résistance culturelle  -  près de 9 mois à guichet fermé presque chaque soir de représentation.

 

Valentin Terrer était notre Lorenzaccio.

 

Âme romantique - alter-ego d'Alfred de Musset - Lorenzo de Médicis est un infiltré dans la cour de son cousin, le Duc de Florence.

Il participe à ses jeux, à ses beuveries et l'assiste dans ses séductions intimes et criminelles ; qu'il sert même avec une certaine complaisance.  Mais cela n'a qu'un but :  Tuer Alexandre.

Car Lorenzo aime Florence, comme sa mère ; ou comme sa cousine Catherine. Et sa mère et Catherine sont bafouées, déshonorées par la veulerie et la brutalité de son cousin le Duc et de ses vassaux  :  cardinaux et militaires au service du Pape, lui-même alors corrompu.

Il s'approche donc du Duc, comme Icare - trop proche du soleil - et épouse si bien les vices de son cousin qu'il finit par lui ressembler et perdre la pureté qu'il cherche pourtant à sauver chez les autres.

Si son coeur reste pur, son âme elle, est souillée. Et Lorenzo - en bon romantique - ne peut le supporter.

La mission qu'il s'est confié lui fait sacrifier ce qu'il y a de plus noble ;  et finalement de plus sacré en lui.

Il perd donc les moyens aux fins et se tue donc à petit feu.

L'enfant Lorenzo meurt à lui-même.

S'il ne sauve cette pureté en lui, comment pourrait-il la sauver chez les autres  ?

Photos : Virginie Gibert

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